Marine est souvent venue courir dans la cour de la Frat’ quand Michèle, sa grand-mềre donnait un coup de main pour le tri des vêtements. Elle a grandi ! Et vient d’écrire ce texte qui prend une résonance particulière dans le contexte actuel.
Le jaune et le bleu qui sont l’essence du monde…
10Apr2022
Et même quand le monde ne tourne pas rond, qu’on a la tête à l’envers, le cœur ouvert, qu’il pleut sur toute la terre les larmes de ceux qui souffrent et de ceux qui compatissent et de ceux qui veulent juste mouiller leurs yeux pour ne plus voir que le flou, même là, il reste le soleil, la boule jaune dans le ciel bleu qui tapisse les jours de fête.
Le jaune et le bleu qui sont l’essence du monde, des joies et des étés qu’on attend tout l’hiver. Le jaune et le bleu qui coulent ici pour rappeler que c’est le duo le plus vieux du monde, qu’il était là bien avant nous, et que le soleil et le ciel nous survivront, qu’ils seront là bien après notre présence, notre bêtise et notre cruauté.
Le jaune et le bleu tout là-haut qui jettent leurs rayons et leur couverture sur nous, si bas, si fragiles. Même là, ils veillent, même là, ils vibrent et c’est leur présence, et elle seule, qui se porte garante de nos toutes petites vie qui bruissent à peine dans l’immensité.
C’est aussi en jaune et en bleu qu’on voit hurler le monde ; c’est ce jaune et ce bleu qui se porte, qui s’affiche, qui se crie et qui se défend. Ce n’est pas le même et pourtant, il n’y a pas de mystère, pas de hasard, si l’un ou l’autre venait à disparaître, il n’y aurait plus alors que du gris sur le monde, du gris béton, du gris comme un trou béant, du gris de désespoir, et autour, le rouge cuisant des yeux trop mouillés.